Imaginez un groupe capable de jouer aussi vite que du Metal, de groover comme du Funk, avec la complexité harmonique du Jazz et la technologie de la NASA. Dans les années 80, alors que les États-Unis avaient Weather Report ou le Chick Corea Elektric Band, le Canada (et plus précisément le Québec) a répondu avec une arme de destruction massive musicale : UZEB.
Pendant plus de 15 ans, ce trio a parcouru la planète, prouvant qu’on n’avait pas besoin d’être Américain pour dominer la scène fusion. Avec une maîtrise instrumentale frôlant la sorcellerie, Alain Caron (basse), Michel Cusson (guitare) et Paul Brochu (batterie) ont marqué une génération de musiciens.

Le Style : La « Machine » UZEB

UZEB, c’est le son des années 80 poussé à son paroxysme, mais avec une âme.

• La basse d’Alain Caron : c’est souvent la première chose qu’on remarque. Alain Caron est un monstre du slap et de la basse fretless à 6 cordes. Il a donné à la basse un rôle de soliste à part entière, au même titre que la guitare
• La guitare-synthé de Michel Cusson : Michel Cusson ne se contentait pas de jouer de la guitare. Il pilotait des murs de synthétiseurs via sa guitare. Il pouvait faire sonner son instrument comme une section de cuivres, un piano ou un orchestre, tout en gardant une énergie rock.
• La précision de Paul Brochu : pour tenir la baraque derrière ces deux fous furieux, il fallait un métronome humain capable de naviguer dans des mesures impaires (7/8, 5/4) sans jamais perdre le groove.

⚡ Les anecdotes : entre génie et technologie

L’origine du nom (Un Saint ou presque)

Contrairement à ce que le son futuriste laisse penser, UZEB n’est pas un acronyme technologique. Le nom vient simplement de Saint-Eusèbe ! Au tout début de leur carrière, lors d’un des premiers concerts à Drummondville, ils n’avaient pas de nom. Le promoteur a demandé : « Comment je vous appelle ? ». Michel Cusson a regardé l’annuaire téléphonique ou le calendrier, a vu « St-Eusèbe », et a dit : « Va pour Eusèbe ». C’est devenu phonétiquement UZEB.

Le « Quatrième Membre » invisible

UZEB était officiellement un trio, mais sur les pochettes d’albums et en concert, ils créditaient souvent un quatrième membre : le système MIDI et les séquenceurs. Ils étaient des pionniers absolus de l’informatique musicale sur scène. À une époque où les ordinateurs plantaient tout le temps (les Atari et Mac de l’époque), ils osaient synchroniser tout le show avec des machines. Un pari risqué chaque soir !

3. Plus célèbres en France qu’aux USA

Si les Américains respectaient leur technique, c’est l’Europe (et surtout la France) qui a fait d’UZEB des stars. En 1989, ils ont réussi l’exploit incroyable pour un groupe de jazz instrumental de remplir la salle du Zénith de Paris. Une consécration rare pour le genre.

La séparation au sommet

En 1992, après un concert géant au Festival de Jazz de Montréal devant 96 000 personnes, le groupe décide de se séparer. Pas de disputes, pas de drames. Juste le sentiment d’avoir tout dit. Alain Caron expliquera plus tard : « On avait atteint un tel niveau d’interaction qu’on finissait les phrases musicales des autres. Il n’y avait plus de surprise. » Il leur faudra 25 ans pour se réunir (en 2017).

5. La basse légendaire

Alain Caron a popularisé les basses du luthier québécois George Furlanetto (F Bass). Grâce à UZEB, cette petite marque locale est devenue une référence mondiale pour les bassistes de jazz haut de gamme.

💿 La Discographie Complète (Principaux Albums)

UZEB a été prolifique, mélangeant albums studio très produits et albums live explosifs.

Conclusion

UZEB reste une anomalie magnifique dans l’histoire de la musique. Trois gars du Québec qui ont regardé les géants américains dans les yeux et leur ont dit : « regardez bien ce qu’on peut faire avec des câbles et du talent ». Si vous aimez la basse qui claque et la fusion haute tension, UZEB est un passage obligatoire.
Votre avis : pour les bassistes qui nous lisent : avez-vous déjà essayé de jouer une ligne de basse d’Alain Caron sans vous casser un doigt ? Racontez-nous ça en commentaire !